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restauration sonore

Restauration de bandes magnétiques en cassettes

22 Mars 2011 , Rédigé par Jean Rouchouse Publié dans #Réalisation

 

Cette restauration a concerné un lot de 256 cassettes de bandes magnétiques à restaurer et à finaliser sur disques compacts audio (CDA).

Ces cassettes magnétiques sont des enregistrements stéréophoniques de vinyles (33T LP microsillon) effectuées au début des années 1980. Chaque cassette a été enregistrée sur  ses deux faces (Face A et Face B avec des réducteurs de bruit du type dolby B ou C). La durée des cassettes est de 90 minutes, soit 45 minutes par face. Ces cassettes ont en moyenne 30 années d’existence.

Les bandes magnétiques ont été relativement bien conservées. Le vieillissement constaté a altéré légèrement ( 2 dBVU ) le niveau audio général et le niveau de reproduction des fréquences aiguës. L’altération étant différente entre les différents types de bande magnétique (Type I, II, III et IV). Le type I est le plus vulnérable, au temps et aux conditions de stockage (humidité, variations de températures).

Certaines cassettes ont nécessité une intervention mécanique au niveau des guides de la bande magnétique avec un démontage du boîtier de la cassette.

La finalisation de cette restauration a permis la gravure de 512 disques compacts audio et la création d’une collection intitulée « Musiques de jazz ».

Une restauration de ce type a demandé du temps et de la méthode pour parvenir à ses fins.

La restauration s’est effectuée en quatre étapes suivantes :


Etape 1 : Numérisation des données en blocs

Etape 2 : Montage des blocs

Etape 3 : Traitements des fichiers

Etape 4 : Gravure et impression

 

Etape 1 : Numérisation des données en bloc.


Avant la numérisation, on vérifie l’état du support. On fait défiler rapidement la bande magnétique, sur sa longueur afin de d’assurer de son intégrité et d’effectuer une aération du support.

La numérisation des cassettes s’est effectuée à une fréquence d’échantillonnage de 44,1 KHz et une résolution de 16 bits. Ce choix a été effectué en fonction de la finalisation sur disque compact, mais aussi en fonction des besoins du stockage et de la sauvegarde des données. Ce choix a permis également d’éviter de longues étapes de conversion de fichiers et de « dithering », en fonction de la quantité des données.

La conversion analogique numérique s’est effectuée avec une électronique « Apogee type Rosetta » (Liaison IEEE 1394), sur une station G4 (Mac OSX) à partir d’une session de numérisation créée dans l’éditeur Peak 5 Pro de Bias.

Les signaux d’horloge ont été du type « interne ».

Le lecteur de bande magnétique était un Nakamichi « Dragon » doublé d’un JVC TD-V562, préalablement nettoyés, azimutés, alignés, et vérifiés après chaque report de bande.

Le report audio s’est effectué à niveau nominal (soit +4dBu en sortie ligne de lecteur, après une adaptation -10dbu vers +4dBu et +4dBu en entrée ligne du convertisseur), en respectant la sélection et l’activation en lecture des réducteurs de bruit dolby utilisés au cours des enregistrements. Selon les cas, il s’agissait soit du dolby type B ou type C. Le lecteur de cassette a détecté automatiquement, en fonction des boîtiers, les courbes d’égalisation nécessaires pour la lecture des bandes (Type I, II, III, ou IV).

Chaque face de cassette a été numérisée en un seul bloc (pas d’arrêt entre les morceaux)

Pour une cassette, on dispose ainsi, d’un bloc de données audionumériques pour la face A et également un bloc pour la face B.

Les fichiers entrelacés au format Wav sont ensuite nommés et placés dans un répertoire par cassette traitée.

Ces données audionumériques sont temporairement conservées mais non stockées.

Elles ont été transférées vers la station de montage.
La numérisation de ces supports magnétiques ont nécessité 384 heures de report numérisé.


Etape 2 : Montages des blocs.


Cette deuxième étape s’intéresse beaucoup plus au contenu des faces lues et numérisées. Elle s’intéresse également au stockage et à la sauvegarde des données.

Au cours de cette étape, les fichiers blocs ont été transférés sur une station de montage dotée de ProTools en tant qu’éditeur et gestionnaire de l’espace de travail.

Une session de montage temporaire a été créée.

Les fichiers correspondant aux cassettes numérisées ont été importés, vérifiés à l’écoute, puis découpés en morceaux. Chaque morceau correspond ainsi à un morceau du disque vinyle original, enregistré sur la bande magnétique. La coupe intervient au milieu de chaque silence entre chaque morceau. Les régions découpées sont nommées et correspondent au titre de chaque morceau. Aucun traitement n’est envisagé à ce stade. Les régions de la session sont ensuite exportées au format entrelacé .wav et placées dans un répertoire correspondant au numéro de la cassette traitée.

Ces fichiers classés dans des répertoires correspondent à la source originale, numérisée, découpée et nommée. Ils sont ensuite enregistrés sur un disque dur pour le stockage et sur un second disque en mode Raid 1 pour la sauvegarde de ces mêmes données. (Capacité 500 Go pour chaque disque).

Aucune session de montage est conservée.

Cette étape s’effectue en même temps que la numérisation. Le contrôle de la numérisation se réalise dans l‘étape 2, au moment de la lecture des régions. Au cours de la numérisation, on ne peut vérifier que le signal entrant dans le convertisseur.

A ce stade, un rapport d’archive (format .pdf) est obtenu grâce à l’utilitaire Wave Agent de chez Sound Devices.


Etape 3 : Traitement des fichiers.


Le traitement des fichiers provenant de l’étape 2 a été effectué sur station Pyramix (Merging Technologies). Un projet de traitement et de finalisation temporaire est ainsi créé. Avant d’être montés, les fichiers sont traités dans l’application « Izotope RXII Advanced » en « batch processing » c’est-à-dire en traitement appliqué à tous les fichiers du répertoire. Le traitement essentiellement utilisé est le « Declick & Decrackle » avec un réglage optimisé pour le traitement de la lecture des vinyles. Aucun traitement concernant le bruit de fond des bandes magnétiques a été retenu. Sauf dans les quelques cas où le réducteur Dolby  n’a pas été utilisé à l’enregistrement. D’une manière générale, et dans ce cas précis, le niveau de bruit de fond lu est rendu négligeable par l’utilisation des réducteurs de bruit en lecture. Après traitement, les répertoires sont respectivement montés par le Media Management dans le projet. Les fichiers sont disposés sur les pistes de la fenêtre d’édition du projet. Cette disposition correspond à l’ordre final de lecture des fichiers, et donc à l’ordre chronologique de lecture du disque compact audio. Les clips sont montés par leur début et par leur fin en utilisant les poignets d’édition propres à chaque clip.

Des « fade in » et des « fade out » sont ensuite déterminés pour chaque clip.

Des index de début et de fin de clip sont ensuite posés aux extrémités de chaque clip, afin de permettre la génération d’une image disque destinée au logiciel de gravure. Les temps de pause entre chaque clip est de 2 secondes. Cette image disque est générée en sortie de la tranche « master » de la console du projet. Un traitement dynamique a été appliqué afin de compenser l’affaiblissement général de niveau constaté, tout en limitant le niveau des crêtes du signal à -9 dB FS. Une correction fréquentielle a également été choisie entre 8Khz et 15 Khz  avec une pente très large et un gain positif et progressif de l’ordre de 1,5 à 3 dB. Pour cette opération de traitement , le « bus tool » de la tranche « master » a été sollicité. Le niveau général a été contrôlé à travers un triple indicateur de niveau (vu-mètre, crête mètre et écart dynamique).

Chaque image disque correspondant à la gravure d’un support cd est également stockée sur disque dur.

Cette restauration stocke donc les données numérisées en début de chaîne et en fin de traitement pour l’exploitation d’un nouveau support.


Etape 4 : Gravure et impression.


La gravure s’effectue à partir d’une image disque (fichier .pmi) générée directement à partir du projet de finalisation Pyramix. Avant d’effectuer cette image, le projet finalisé est essayé et lu sur un lecteur virtuel. La chronologie des index est vérifiée, avec les temps de pause et l’enchaînement des « fades » entre les morceaux. Il s’agit d’une ultime vérification avant la gravure. L’image disque est ensuite exploitée par le programme « DiscWrite » qui permet directement la gravure sur compact disc, selon la norme « redbook ».

L’exploitation des métadonnées du type CD Text n’est cependant possible qu’avec des graveurs dont le « firmware » permet cette écriture (Plextor). A ce stade du traitement, il est également utile pour l’archivage, d’imprimer la table des matières (TOC Table of contents) des images disques gravées.

Ce document permet aussi d’évaluer l’ensemble du travail réalisé.

Le dernier travail de cette étape à consisté à imprimer directement une étiquette sur la face imprimable des disques compacts. Ces étiquettes ont été  établies à partir des indications inscrites sur les jaquettes des bandes magnétiques, complétées par des recherches sur internet. La mise en page s’est effectuée sur le logiciel « Canvas X» et ensuite finalisée dans le logiciel « CDLabel print » pour l’impression directe sur le support.

 

Matériels utilisés :


Lecteur à bande magnétique Nakamichi « Dragon »

Lecteur à bande magnétique JVC TD-V562

Adaptateur de niveau SCV -10dB_+4dB

Convertisseur Apogee « Rosetta » Liaison IEEE 1394

U.C 1 : G4 Mac OS 10.4 / Logiciel Peak 5 Pro

U.C 2 : Mac Pro Mac OS 10.6 ProTools 8 Shuttle Pro V2

U.C 3 : Dell Dimension E 520 Windows XP SP3 Pyramix Merging Technologies, DiscWrite,  Suite Izotope RXII Advanced.

Graveur Plextor PX 716

Logiciels de mise en page et impression Canvas X et CD LabelPrint

Imprimante Canon iP4850

5 x 100 CD R imprimable

5 x 100 boîtiers Noir Jewel case 10 mm

3 disques durs 500 Go.

 

Article

 

 

Bilan :

Ce travail a été long. L’intérêt de cette restauration a été de respecter au mieux le signal enregistré sur les bandes magnétiques. Le son résultant est unique. C’est un « son vinyle » provenant de la lecture des sillons par des cellules type Denon DL103 à partir d’une platine Thorens TD 320 MK II. L’essentiel de la restauration repose sur la précision de lecture des supports et également sur le choix des traitements qui doivent toujours être choisis en proportion et jamais en excès.

 

 

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